Les 7 et 8 mars 2022, quelques étudiants de Sciences Po Aix ont eu l’opportunité de participer à la « Conférence ministérielle pour une approche globale de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement supérieur », organisée au Palais du Pharo de Marseille. Ils étaient une trentaine à devenir agents de liaison pour deux jours, accompagnant ministres, secrétaires d’Etat ou encore responsables politiques.
Retour sur cette expérience unique et formatrice !
La conférence réunissait le 8 mars les Ministres des Etats membres de l’Union Européenne et de la Norvège, ainsi que des représentants d’organisations internationales. L’objectif étant de renforcer le volet international de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation européens, à travers une discussion entre Etats membres. Il s’agissait d’une co-organisation entre le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, avec le soutien de la Commission européenne (RTD) et de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
Les volontaires ont été recrutés en janvier, majoritairement en ligne. L’information a été relayée via Linkedin et Facebook, mais également lors d’un « Jeudi de la Réussite » sur le thème de l’Europe. Un stand tenu par EU Careers avait également fait de la publicité sur le parvis. Pourtant, il semble que l’appel d’offre soit passé inaperçu pour une partie des sciencespistes, qui n’ont eu vent que très tardivement de cette opportunité. « J’aurais souhaité participer avec grand plaisir, mais je n’ai vu passer l’information nulle part » témoigne une étudiante en deuxième année. « Ils auraient peut-être dû faire une annonce en amphithéâtre. » Une trentaine d’élèves ont finalement été sélectionnés, à la suite d’un entretien informel d’une dizaine de minutes et l’envoi d’un CV. « La sélection n’a pas été très pointue, on nous demandait simplement de justifier notre candidature, de parler un peu anglais et d’être polis et présentables » nous explique un étudiant.
Deux journées de formation ont tout de même été requises avant de se lancer dans le grand bain. Hugo, en quatrième année, nous en dit un peu plus sur le déroulement de ce temps de préparation. « La première journée eut lieu dans les locaux de Sciences Po Aix. C’était très théorique et dense, mais on ne pouvait pas dire que nous n’étions pas assez informés. C’était une journée durant laquelle nous ont été transmises toutes les informations de l’évènement ainsi que son déroulement chronologique. Il y avait aussi des temps de questions/réponses. La deuxième journée était semi-théorique, semi-pratique. Nous avons passé une bonne moitié de journée au Pharo, à peaufiner les derniers détails. Ensuite, nous nous sommes déplacés dans les principaux théâtres des évènements : gare Saint-Charles, aéroport de Marignane, les hôtels, le Pharo. Dans le but de poser des images sur ces lieux que nous n’avons vu que théoriquement jusqu’alors. »
Deux journées « assez intenses » selon Léo, mais « très enrichissantes » pour Pauline, qui souligne l’importance de connaître à l’avance les coulisses de ces réunions. Un avis qui n’est pas partagé par tous, puisque Hugo nous confie avoir trouvé ce temps de formation un peu trop long. « Rétrospectivement et en parlant avec d’autres agents de liaison, nous pensons qu’une demi-journée – voire une journée maximum – aurait peut-être été suffisante. »
Le repérage des lieux a tout de même beaucoup apporté aux étudiants, qui se sont sentis « rassurés » de voir concrètement où allait se dérouler leur travail. Le palais du Pharo, qui accueillait l’événement, est un monument marseillais impressionnant, qui domine la mer à proximité du vieux port. De nombreux congrès et diverses manifestations ont lieu en son sein, et y travailler pour deux jours représentait un véritable honneur.
Palais du Pharo. Crédits : Marseille-congrès.com
Les missions des agents de liaison étaient multiples, appliquant purement ce qui avait été vu lors des journées de formation. Chaque étudiant se voyait attribuer une délégation, avec qui il fallait établir un premier contact au moyen d’une messagerie sécurisée. Le but étant de vérifier les horaires d’arrivée et de départ, les pass sanitaires ou bien les allergies. S’ensuivait ensuite l’accueil de chaque membre à la gare ou à l’aéroport, puis l’acheminement jusqu’à l’hôtel, le Sofitel de Marseille. Le jour de la conférence, les agents s’occupaient également d’accueillir leur délégation et de la mener au Palais du Pharo, puis la reconduire à l’aéroport ou à la gare. « Bien sûr, nous avions aussi une myriade de tâches anecdotiques à effectuer, dont le fer de lance était d’honorer la réputation française d’accueil et d’hospitalité » précise Hugo, accompagnant la délégation de la Croatie, composée de deux membres. « Si les membres de la délégation avaient une question, ils se référaient à nous » rajoute Marie-Laurence, responsable de la délégation allemande. « On était le lien administratif et technique, leur accompagnement et leur soutien. »
Osnar, qui accompagnait la délégation autrichienne composée de la numéro 2 et 3 du MESRI autrichien et d’un responsable politique de ce ministère, raconte sa mission, mais également l’intérêt de « dépasser un peu nos fonctions, histoire de rendre l’expérience plus intéressante. » « J’ai instauré un lien de confiance avec eux, déjà en discutant en allemand (et en anglais évidemment), je les ai présentés à d’autres délégations et je me suis beaucoup investi en sollicitant les organisateurs pour que la chef de délégation puisse prendre la parole à son atelier dédié car son avion partait dans l’après-midi et ne lui permettait pas de pouvoir intervenir dans un programme de la conférence (le problème a finalement été résolu, pas par moi mais j’étais super content pour elle). Elles ont beaucoup facilité cette prise de confiance par leur incroyable gentillesse : elles m’ont offert du chocolat autrichien et un stylo de la marque autrichienne Swarovski. »
Etudiants participant à l'événement et Madame Vidal, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation
Même si les élèves accrédités presse n’ont pas pu filmer sur place, en raison de la confidentialité de la conférence et de l’absence de conférence de presse, le bilan de cette expérience a été plutôt positif pour les agents de liaison. Léo, accompagnant la délégation norvégienne, a apprécié cette « grosse sortie de zone de confort, parce que nous avions beaucoup de responsabilités ! Les gens étaient très avenants, sympathiques et à l’écoute. » Pauline confirme elle aussi « Malgré quelques soucis dans l’organisation, le bilan est très positif. Cela fait plus d’expériences. On a dû faire face à des imprévus et savoir réagir correctement et rapidement face aux demandes de nos délégations. »
Pour Marie-Laurence et Osnar, l’intérêt de ces deux journées réside surtout dans les rencontres et les opportunités professionnelles. Même si la quatrième année « ne se projette pas avec l’Allemagne », le deuxième année souligne les apports de cette expérience : « Pour l’étudiant en sciences politiques ayant l’allemand en seconde langue vivante et attiré par la fonction publique que je suis, c’est une expérience incroyable d’assister au travail européen réalisé sous l’égide de la Présidence française au Conseil de l’UE à travers l’appui de la délégation autrichienne. J’ai eu la chance d’échanger avec plusieurs délégations (l’Autriche, l’Union Africaine, l’Allemagne, la ministre française et une partie de sa délégation) donc c’est une expérience inoubliable d’autant plus que j’espère pouvoir faire mon année de stages dans une organisation européenne ou internationale. »
Hugo conclut par trois gros points positifs. Même s’il a conscience de n’avoir été qu’une « fourmi dans l’ombre de l’événement », cela lui a beaucoup apporté. « Trois choses m’ont plu. La première, c’est celle d’être l’ambassadeur de la France auprès de ma délégation. Malgré la modestie de notre rôle, j’ai aimé être une personnification de notre pays, en tant qu’ambassadeur de la France auprès de ma délégation. J’ai aimé être le souvenir – je l’espère agréable – que garderont les membres d’une délégation croate qui n’était jamais venue à Marseille. Et que, de retour chez elle, ce soit l’image globale qu’elle se fasse de la France, de Marseille, de la qualité d’accueil et d’hospitalité des Français, et qu’elle en parle une fois chez elle. La deuxième, c’est de découvrir toutes les petites mains qui supportent la tenue d’un évènement international de cette taille. C’était la première fois que je voyais l’autre revers de la médaille. Comprendre que rien n’est laissé au hasard ; que la bouteille d’eau placée ici et non là a un sens ; que tout n’est toujours que question de pragmatisme et d’adaptabilité. Il est vraiment intéressant d’observer en quoi ce rôle est avant tout celui de s’efforcer de tout prévoir, tout anticiper, tout imaginer. Le retard d’un avion, le trafic routier, les spécificités alimentaires d’un tel. La troisième – la plus importante –, ce sont toutes les rencontres que j’ai faites auprès des autres agents de liaison. En tant que quatrième année, cela fut l’occasion pour moi de découvrir et sympathiser avec beaucoup de deuxièmes années, d’étudiants internationaux, d’étudiants extérieurs à Sciences Po Aix. Je garde un très bon souvenir des repas, discussions et balades que j’ai partagés avec eux. »
En plus de Sciences Po Aix, des étudiants de la faculté d’Aix-Marseille étaient également présents. L’occasion de faire de belles rencontres, aussi bien sur le plan personnel que professionnel !
Solenn Faggianelli