C.A.S.A ou Casa Latina ? Première partie

#saportactu , #insideasso

Simon : Je suis avec Marie de l’association Casa, association qui s’occupe de promouvoir la culture hispanique et lusophone …

Marie : Et non, pas du tout. Du coup c’est Marie, je suis secrétaire de l’association C.A.S.A, avec un point entre les lettres, qui sont en majuscules. Même si on nous confond beaucoup, on donne des cours de français aux migrants et on essaye de les intégrer à la culture française, de les aider dans leur démarches etc...

S : Mince, je suis vraiment désolé… Bah du coup tu l’as déjà un peu fait mais si tu pouvais te présenter, toi et ton asso en quelques mots ce serait parfait !

M : Ok, du coup on est un petit bureau mais ça fait longtemps que l’asso existe. Nous, notre but c’est vraiment de créer du lien avec les migrants donc on se déplace tous les vendredis après-midi à Marseille. On essaye de répondre le mieux possible à leur besoins parce qu’ils n'ont pas de cours de français, personne ne leur apprend la langue et l’apprendre comme ça, quand on vit en communauté, quand on vit dans des centres d’accueils avec uniquement des gens qui ne parlent pas français c’est compliqué. On essaye aussi de les faire sortir, on organise des sorties en partenariat avec le musée Granet et c’est très très cool.

S : Très cool en effet. Je voulais aussi savoir si tu étais engagée dans l’association l’année dernière.

: Oui un petit peu ! Alors franchement le Covid n'a pas aidé à avoir un engagement constant mais on avait fait un système de parrainages donc on avait formé des binômes entre les bénévoles et les migrants et le but était de leur envoyer des messages régulièrement tout au long de l’année, envoyer des devoirs, faire des retours… Il fallait qu’ils sentent qu’il avaient un pied en France, quelqu’un pour les aider. Parce qu’ils n'étaient pas pris en charge. Il faut bien se rendre compte que comme tous les jobs étaient à l’arrêt, il n'y avait personne. Donc voilà, nous on a essayé à petite échelle de les accompagner et d’être une présence pour eux.

S : Je voulais savoir aussi pourquoi l’année dernière tu as décidé de t’engager ? Pourquoi C.A.S.A et pas une autre asso ?

M : Alors, moi je suis plutôt team 'on fait pas beaucoup de choses mais on les fait bien". Le bureau de l’année dernière était super cool, on avait une bonne ambiance et dès les premiers cours je me suis dit que c’était ce dans quoi je voulais m’investir. Déjà parce que c’est un sujet qui me tient à cœur. J’estime qu’on a tous un devoir plus ou moins à s’occuper des gens qui en ont besoin et voilà, ça m’a permis une action concrète.

S : Et cette année ou même l’année dernière du coup, est ce que t’as des exemples d’actions que vous avez réalisé pour qu’on se rende bien compte du travail que vous faites ?

M : Pour nous, l’essentiel de notre boulot c’est vraiment de nous déplacer à Marseille pour les cours de français. On fait des groupes de niveaux, souvent ils savent déjà à peu près ce qu’ils veulent faire parce qu’ils ont totalement conscience de là où ils sont bons et là où ils sont moins bons. Des fois ce sont même eux qui apportent des devoirs parce qu’on en a beaucoup qui suivent des formations. Des fois ils ont lu un article et ils ne savent pas ce que ça veut dire.

Logo C.A.S.A

: Alors j’ai entendu parler d’une conférence cette année, est-ce que tu peux m’en dire plus sur ce genre d’évènement ?

: L’année dernière on avait pas du tout de conférence, c’est un onglet qu’on a rajouté cette année parce qu’on voulait diversifier un peu notre activité. On voulait vraiment faire prendre un vrai tournant à l’asso. Non seulement on a inclut les visites au musée Granet et on a développé un volet "conférences" pour les élèves de Sciences Po, pour la sensibilisation et parce qu'il y a aussi beaucoup de gens que ça intéresse.

Notre première conférence était il n'y a pas très longtemps, le 22 février, il y a d’ailleurs un compte rendu sur Saport’actu si vous voulez le lire. C’était avec Thomas Besson qui travaille à la CNDA (Cour nationale du droit d’asile) donc c’était très porté sur le droit, on avait beaucoup d’étudiants en master. Normalement on a une deuxième conférence qu’on est en train d’organiser, j’avoue j’ai pris un peu de retard mais ça il ne faut pas le dire, qui sera avec Gaspard Glanz qui est un journaliste d’investigation indépendant. Il filme plusieurs semaines par an dans la jungle de Calais.

S : J’imagine que ce genre de projets, autant les visites que les conférences, ça demande une grande organisation. Je voulais savoir comment vous divisiez le travail entre vous au sein du bureau, si vous le faites.

M : Franchement ça va, on a de la chance, on répartit bien les tâches. Tous les membres sont hyper actifs. On a un président et une vice-présidente, une respo com super et une respo sortie qui est un peu la spécificité de notre asso. C’est un pôle qu’on voulait vraiment développer cette année. Et comme moi je ne suis qu’entre guillemets secrétaire, ça prend du temps mais c’est pas non plus hyper engageant, je m’occupe aussi des cours de français, je mets de la documentation pour que nos bénévoles puissent faire cours (parce qu’on est pas profs). Franchement ça marche, on a une bonne dynamique et on s’organise en fonction des emplois du temps.

S : La chose dont tu es la plus fière ?

: Les sourires, c’est tout simple mais quand on a un sourire à la fin d’un cours de français ou après une sortie. Des gens qui nous disent ; « j’ai passé un bon moment, j’ai appris un truc », c’est la meilleure récompense.

Première sortie au musée Granet

: La chose la plus difficile ?

: Les témoignages... Des fois c’est dur de prendre du recul malgré le fait qu’on essaye d’être une sorte de pied à terre, leur lien en France. On est pas censé être leur amis parce qu’on fait pas partie de leur vie, les même expériences, on est pas là l’année prochaine, eux peut-être pas… C’est dur quand on entend les histoires, des fois tu rentres chez toi et t’es content d’être né en France. Ton contrôle que t’as raté c’est pas si grave.

: Ce qui vous demande le plus d’effort ?

M : Honnêtement, communiquer avec le centre d’accueil. Ils ne diffusent aucune information, on a des gens qui viennent nous dire ; « Ah c’est vous les cours de français ! » Bah oui ça fait depuis le début de l’année qu’on communique dessus et que le centre est censé communiquer aussi… Mais après les cours le vendredi, les conférence ça a été compliqué aussi mais la récompense en vaut la chandelle.

: Et du coup j’enchaine, les qualités nécessaires pour gérer une asso comme ça ?

M : Je dirais l'organisation et un peu d’empathie, être un peu sociable c’est cool pour pouvoir créer du vrai lien.

S : Malheureusement on arrive déjà à la dernière question. Est-ce que tu as des idées, des projets que vous n'avez pas pu mettre en place pendant cette année ? Peut-être des idées pour le bureau de l’année prochaine ?

M : Alors, déjà on aimerait bien qu’ils continuent les conférences parce qu’on a plein d’autres noms de conférenciers qu’on a pas pu faire venir. C’est beaucoup de temps, d’organisation parce qu’en plus on partage les plannings avec toutes les autres assos, avoir une salle c’est pas facile. Donc les conférence on aimerait bien que ça continue et aussi dans le cadre des cours de français une sorte de bibliothèque tournante avec des livres de tous niveaux pour qu’il puissent venir prendre, ramener, mettre des petits mots dans les livres et voilà.

: Merci beaucoup d’être venu si tôt à l’IEP pour faire cette interview, on voit bien que votre asso est très importante pour la vie associative ! 

Simon Cossetti